Petite journée d'entrainement.

[Natsuo]

Natsuo en avait marre d’être gavé et surtout traité comme quelqu’un qui finalement n’était qu’une distraction. Il n’aimait pas cela. En fait, il avait cette impression d’être en danger alors que rien devant lui ne devrait lui donner une telle sensation. Il ne disait pas que Senkaou était un mauvais général. Pour que les humains lui aient donné un tel rang, c’est qu’il devait avoir les capacités. Mais pour le moment, il n’en était pas convaincu de ces capacités. C’était une sorte de méfiance instinctive qui n’était vraiment pas aidée à être dissipée par l’attitude de son ‘hôte’ qui le gavait sans arrêt. Bref, n’étant pas du genre à rester sans rien faire, le demi dragon se redressa avec la ferme intention de quitter les lieux sans le moindre préavis. Tant pis si cela était dangereux. Il ferait tout pour être discret et cacher ses yeux, preuve de son espèce.

C’était tout du moins son but, mais on ne lui laissa pas le temps de la faire. En effet, un certain général humain avait décidé de lui barrer la route. Et cela, à sa façon. C’est-à-dire par un saut sur le dos du prince et un air de supplication larmoyante qui ne marchèrent absolument pas sur le brun. Déjà parce que ça sonnait trop faux à ses oreilles et de plus, il n’était pas le genre d’homme à réagir devant ce type de comédie. Au contraire, il se braquait plus qu’autre chose devant cela. Bref, n’ayant pas que cela à faire, il grogna en songeant qu’il avait un entraînement à terminer et passé l’âge de jouer à ce genre de mise en scène. Cherchant à se défaire de ce dernier sans lui faire mal, il écouta ce qu’il avait à lui dire avant de s’agacer à juste raison. N’arrivant pas à s’en défaire, il déploya juste ses ailes pour le repousser sans la moindre hésitation.

Une fois son poids dorsal retiré, gardant ses ailes déployées le prince fixa le général avec sévérité. Il avait bien entendu la dernière phrase dite avec sérieux. Mais qui lui disait qu’il n’avait pas songé à cela. Mais sincèrement, il n’avait pas eut le choix. Sen’ le provoquait bien trop. Il se fichait de lui alors qu’il était sérieux. En bref, il avait provoqué cette réaction. Le fixant froidement, il croisa les bras avec une sévérité qui montrait bien que ses limites avaient été atteintes. Et qu’il ne fallait pas trop le pousser. Même s’il était plutôt faible en dragon, il n’était pas sans défense. Enfin le sujet n’était pas là. Le fixant donc avec sa droiture et sa froideur à toute épreuve, il se mit enfin à lui répondre. Un ton sec, mais là, le général humain l’avait quelque peu mérité. Que voulez-vous, il était ainsi… froid et directe…

« - Ne faites plus cela. Jamais. Je ne suis pas un de vos jouets. Et sachez que je sais que dehors c’est dangereux. Mais je préfère cela à quelqu’un qui se moque de moi ouvertement. »

Bon, c’était un peu trop direct, mais que voulez-vous, à son âge, on ne se refait pas. Bref, ne le quittant pas des yeux, il resta sur ses marques, mais rangea ses ailes. Il n’avait pas besoin de les garder sorties. Et puis niveau discrétion ce n’était pas le plus génial.

« - Vous n’avez cessé de me gaver sans m’écouter. Alors si vous voulez vraiment éviter des ennuis, cessez de me prendre pour un enfant qui ne vaut pas le respect d’être écouté. Compris ? »

Grognant, il ne défit pas ses bras croisés et son regard agacé. Il était vraiment remonté. Et au fond, c’était compréhensif. Ne quittant donc pas son vis-à-vis, Natsuo attendait un changement d’attitude ou tout simplement un mot … N’importe lequel. Ne s’attendant surtout pas à des excuses. De toute façon, il n’en voulait pas…

[Senkaou Taka]

Sen fixa le dragon et lui dédia un immense sourire à ses paroles. N’importe qui aurait pu croire qu’il se moquait ouvertement de Natsuo mais ce n’était pas le cas. C’était sa façon de montrer qu’il avait compris ce que le demi dragon disait. En fait il était agacé d’être pris pour un jouet ou un gamin. Ce qui n’était pas le cas. Bon le rouquin avouait qu’il jouait un peu avec lui mais ce n’était pas méchamment. C’était juste pour passer le temps, en attendant que les couloirs soient un peu plus déserts. Il ne voulait pas faire de mal à son visiteur. Il semblait tellement gentil malgré ce côté froid et dur qu’il gardait toujours. D’ailleurs c’était peut être ça qui plaisait à Sen, le fait qu’il soit froid. Il avait toujours aimé les hommes comme ça. Généralement il savait comme les prendre et les faire craquer, cependant, il fallait toujours de la patience pour arriver au bout, pour faire fondre cette coquille froide. Mais voulait, un cœur même enfermé dans de la pierre, restait un cœur. Et un mur de pierre cela se brisait. Il fallait juste trouver la chose qui l’aiderait à le faire.
Il le trouverait…

Le rouquin s’écarta donc de son visiteur puis lui prit la main et le tira jusqu’à la fenêtre qu’il ouvrit. Il regarda dehors, à gauche puis à droite. Bien il n’y avait personne dans les environs. Son compagnon pourrait donc partir sans le moindre mal et sans se faire repérer. C’était le meilleur moyen pour quitter cette base. Sen se tourna à nouveau vers Natsuo et lui dédia un magnifique sourire qui aurait pou passer pour un sourire charmeur.

« Vous pouvez passer par là. »
Fit-il d’une voix douce.
« Il n’y a personne et personne ne vous verra. Ainsi vous pourrez repartir chez vous ! »

Le jeune homme croisa les bras dans le dos en souriant toujours l’air content de son idée. Il semblait fier. Franchement, vu comme ça, le jeune homme ne faisait pas général. Et pourtant il l’était vraiment. Faut dire qu’il avait des capacités secrètes qu’il ne dirait à personne. Valait mieux c’était un secret ! Un secret n’en était plus un si il le disait à tout le monde. Et puis celui-ci était ce qu’il l’avait propulsé à ce poste. Il remerciait la personne qui lui avait appris tout ce qu’il savait.
Mais tout cela n’était qu’une autre histoire…

« Vous voyez je ne vous gardais pas prisonnier ! »
Déclara-t-il joyeusement
« Je ne suis pas un méchant général ! »

Sen s’approcha de lui en penchant la tête sur le côté puis se mit sur la pointe des pieds afin de lui voler un baiser. Mais très rapidement il s’écarta et retourna dans le milieu de la pièce, souriant toujours. Au moins il avait pu goûter ses lèvres. Elles étaient délicieuses ! Vraiment ! Mais le jeune homme ne le lui dirait pas sinon il l’entendait déjà grogner. Bah oui, les glaçon ça grogne tout le temps quand on leur fait un compliment. Allez savoir pourquoi…
Enfin…
Le général le fixa en se demandant si il allait partir ou si il allait rester un peu avec lui.

[Natsuo]

Natsuo était vraiment remonté et cela se comprenait parfaitement. Il était sur ses gardes et se méfiait de ce général qui n’en avait pas l’air d’un. Il sentait l’anguille sous la roche sans pour autant la voir. Comme il en avait marre d’être pris pour un simple débutant, un gosse qui ne valait même pas le coup d’être regardé. Un déchet aux yeux de beaucoup. Un demi prince pour d’autre… Ou un sujet de plaisanterie pour le reste. Et le prince dragon mettait Senkaou dans la dernière catégorie. Il était certain que ce dernier voyait en lui, juste un moyen de se divertir avant de gentiment le livrer ou autre. Il n’avait donc pas confiance et quand on savait tout ce qu’il avait vécu jusqu’à présent, c’était bien plus que compréhensif. C’était bien pour cela que son cœur était protégé de cette amure de pierre et de cette froideur qu’il avait forgé pour qu’elle soit permanente depuis des années maintenant… pour ne pas dire des siècles…

Il se protégeait tout simplement, se montrant dur et glacial devant tout le monde. Distant et impossible à approcher en clair. Loin des idées du général, Natsuo ne baissait donc pas sa garde. Cependant, imaginez sa surprise quand il vit le roux se mettre en mouvement, ouvrir la fenêtre, observer les environs, avant de revenir, tout simplement, à lui, et ce, avec le sourire. Qu’est-ce que cela pouvait agacer le brun. Il avait toujours cette impression que l’humain se moquait de lui. Et qu’il ne manquait pas une occasion pour cela. Pourtant, les mots qui sortirent de sa bouche ne furent pas provocation. Loin de là. Mais plus une proposition de sortir, tout le mettant hors de danger. Bizarre… Ce général pas comme les autres était vraiment bizarre. Natsuo ne savait pas sur quel pied danser avec lui. Accepter de partir par la fenêtre ? Ou était-ce un piège dissimulé derrière un sourire ? Le prince l’ignorait, et ne pas le savoir l’héritait plus qu’autre chose…

« - Hm… » Fit-il simplement sans rien ajouter de plus.

La tenue de Senkaou le laissait bien trop perplexe. Sans compter la suite de ses mots. Cela le poussait encore plus dans ses retranchements que l’inverse. Cette attitude pouvait paraître exagérée, mais elle le paraissait bien moins quand on connaissait la vie d’un hybride chez les dragons. Et que cet hybride soit le fils du roi ou pas ne changeait pas grand-chose, il restait un hybride, donc un repas sur patte, un être non désiré comme résident en clair. Bref, Natsuo était encore plus sur ses gardes. Et le baiser voler n’était pas là pour changer cela. Grognant comme à chaque fois que ce genre de chose arrivait – bien que cela n’arrivait jamais, on ne lui volait pas des baisers souvent, même jamais en fait – il garda les bras croiser et ne bougea pas d’un centimètre… Pourtant, on pouvait voir ses rétines s’éclairées pour devenir encore plus écarlate. Natsuo était comment dire… hors de lui… Il haïssait l’idée d’être un jouet. D’un humain ou un dragon, pour lui, c’était pareil…

« - Ne refaites plus jamais cela… Ou je le jure, je vous tue ! »

On aurait presque vu de la fumée sortir de ses oreilles là. Pourtant, d’un coup, la pression tomba et ses yeux reprirent leur rouge habituel. Il s’installa sur la chaise devant lui et croisa les jambes. Toujours très froid, mais bien décidé à tomber dans aucuns pièges. Il allait attendre la nuit. Partir par ses propres moyens. Et surtout ne pas tomber dans les pièges grossiers de ce général. En attendant, il allait rester sur cette chaise, froid et presque silencieux. Il ne pouvait contenir certain grognement… Ce fut dans cette optique et cette mimique qu’il resta figé, silencieux, bien décidé à ne rentrer dans aucuns jeux, mais bien déterminé à partir de ce fichu camp militaire humain. En plus, son oncle allait l’attendre demain, pour la suite de l’entraînement. Et il avait besoin de le suivre. Jamais il ne manquerait une leçon. La vie de sa mère en dépendait… C’était tout ce qu’il voyait en cet instant…

« - Du thé… » Fit-il tout de même, ayant trouvé l’odeur de ce dernier délicieuse et non suspecte.

Il ne prononça rien d’autre… Enfin pour le moment. Car quelque chose me disait qu’une certaine souris au rang de général n’avait pas dit son dernier mot… Et c’était même très loin de cela…