Heureusement pour Shizuka, Ao était matinal...très matinal, enfin, par rapport à son maitre. Il était donc discrètement sortit des écuries pour brouter l'herbe de la prairie. Il avait beau être démoniaque, il était tout de même un cheval. Il se déplaça derrière l'auberge où l'herbe sentait particulièrement bon.
C'est de cette façon qu'il vit Shany sortir par derrière. Ao savait reconnaitre le pouvoir et il était indéniable que le garçon en possédait. Il se dit que son maitre serait contrarié que son chaman se fasse la malle. Il devait donc encore tout faire par lui-même.
Tout en faisant semblant de rien, il agença vers lui en broutant. Puis, lorsque le jeune garçon passa près de lui, il releva la tête pour se coller à son corps.
Au fil du temps, il avait appris à se comporter comme un cheval normal et à présent, était tout à fait crédible dans le rôle du cheval cherchant le morceau de sucre.
Le chaman lui flatta l'encolure et le caressa alors qu'il mettait sa tête dans son cou. Mais le chaman ne s'attarda pas et préféra partir.
Satisfait, Ao brouta encore quelques temps puis retourna à l'écurie où il se recoucha en attendant que son maitre daigne ouvrir les yeux.
Ce n'est que vers midi que Shizuka consentit enfin à sortir de sa torpeur.
- J'ai particulièrement bien dormi
- on ne peut pas dire autant d'un certain jeune chaman.
- Bah! je l'ai quand même pas traumatiser.
- Je peut supposer que si, puisqu'il est partit.
- QUOI !
- je l'ai vu se glisser hors de l'auberge ce matin.
- Et ?
- Et quoi ?
Shizuka soupira.
- Et, comme je sais que tu es le cheval le plus intelligent du monde, mon insignifiante personne est persuadé que ton génie à frapper et que tu as fait quelque chose, dit le seigneur des Hybrides d'un ton morne.
- Mmm, encore, gémit le cheval qui adorait les flatteries.
- Ne pousse pas le bouchon.
- Je l'ai reniflé.
- Et bien c'est parfait, allons-y.
En plus de pouvoir toujours trouver un lieu s'il en connaissait déjà l'existence, le cheval démoniaque pouvait aussi retrouver une personne dont il avait senti l'odeur et ce, quelque soit l'endroit où elle se trouve dans le monde.
Shizuka sella son compagnon et l'emmena dans la cour. Puis il rentra dans l'auberge pour payer l'aubergiste. Après tout, ils n'étaient pas particulièrement pressés. Shany n'avait qu'une demi-journée d'avance, et il était à pied.
Cependant, lorsqu’il entra dans la grande salle, une certaine agitation régnait. Shizuka accosta une serveuse pour lui demander ce qu’il se passe, mais celle-ci refusa de répondre. Discrètement, Shizuka se rapprocha du comptoir et passa derrière. Personne ne fit attention à lui, et pour cause, il se servait de son influence démoniaque pour détourner les consciences de lui.
Dans l’arrière salle vide, l’aubergiste se disputait avec sa femme.
- Mais comment veux-tu que je sache où se cache ce petit cancrelat ? hurlait le gros homme.
- Je suis sur que c’est encore de ta faute ! criait la femme presque deux fois plus volumineuse que son mari. Comment est ce qu’on va s’en sortir maintenant qu’il est parti ? C’était lui qui rameutait les clients.
- Tu t’en fais pour pas grand-chose, de toute façon, il sera bientôt à cours de sa drogue et il reviendra ventre à terre pour en réclamer.
- Une drogue ? Quelle drogue ? demanda Shizuka en redevenant « visible »
Le gros homme et sa femme sursautèrent et l’aubergiste voulut lui hurler de sortir de là. Mais il n’eut pas le temps de faire un mouvement. Le regard hypnotique du métis l’avait figé sur place ainsi que son épouse.
- Je ne vous le répéterais pas, gros humain, susurra Shizuka à l’aubergiste qui sanglotait. Je veux savoir quelle drogue prend Shany.
- De…de la Suoï, couina le pauvre homme.
Shizuka fronça les sourcils.
- Vous osez… !
- Ce n’est pas nous, gémit la femme. Il était déjà comme ça en arrivant. On ne fait que lui en procurer.
Shizuka se demandait qui était bien assez fou pour droguer ainsi un jeune adolescent avec une drogue aussi dangereuse et additive. Elle était utilisée par quelques seigneurs cruels qui en infectaient leurs esclaves pour les rendre à la fois docile et dépendant d’eux, ce qui faisait une double précaution contre la fuite. Elle n’était cependant pas illégale puisqu’elle servait également à l’élevage de certains animaux sauvages pour s’assurer de pouvoir les approcher sans risque. Mais même pour ces animaux, Shizuka trouvait cette façon de procéder atroce et immorale, voire même, inhumaine.
- En avez-vous encore chez vous ?
L’aubergiste lui indiqua où il la cachait et Shizuka détacha son regard de lui, non sans l’avoir d’abord assommé ainsi que sa braillarde de femme. Il ouvrir la boite qui contenait la drogue, mais alors qu’il allait la détruire, il préféra l’utiliser pour attirer le chaman chez lui. Après, il serait toujours temps de le désintoxiquer de ce poison.
Il retrouva Ao dans la cour qui commençait à s’impatienter. Il fourra la boite contenant la drogue dans son paquetage et monta en selle.
- On y vat.
- Tu as l’air assez en colère.
- Il y a de quoi, grinça Shizuka en racontant à son compagnon ce qu’il avait découvert.
- Donc son empoisonnement date d’avant son arrivée, dit pensivement le cheval alors qu’il commençait à suivre la piste du chaman. Les Linoens en sont peut-être la cause.
- Qui ?
- Tu ne sais vraiment rien !
- Désolé, mais moi, les derniers siècles, je les ai passé à m’entrainer pour tuer mon père, traquer la bande de mon père et construire une ville près de sa tombe pour faire chier mon père, à part ça, tu vois…
- Linoa est la ville d’où viennent les chamans. Dés qu’ils trouvent un jeune ayant le pouvoirs, ils le récupèrent et le cloitre dans leur monastère pour ne soi disant pas souiller leur pouvoir, ce qui, si tu veux mon avis, est une conn…
- oui, mais justement, je ne veux pas ton avis. Continue.
- Mais rien, il à dut s’échapper de là bas. Parce que un pouvoir pareil, à mon avis, ils auraient dut le voir depuis longtemps et s’il n’est pas là bas, c’est qu’il en est parti et sans l’accord des autres.
Shizuka médita sur ces paroles pendant tout le long de la journée. Alors que la nuit tombait, il voulut s’arrêter, mais Ao dit qu’il fallait continuer.
- il n’est plus très loin, en plus, lui aussi à dut s’arrêter pour la nuit, si on veut le rattraper le plus tôt possible…
- Ok, ok, j’ai comprit.
Plus tard, ils arrivèrent en vue d’un feu de camps. Ils approchèrent discrètement pour ne pas effrayer le campeur et vérifier se c’était bien le jeune chaman. C’était bien lui. Shizuka activa son « invisibilité » et s’approcha du feu.
- Salut ! Comme on se retrouve !
[voilou, et désolé pour le retard, semaine chargé]
Lorsque vous me connaitrez mieux, vous vous souviendrez pourquoi jadis, les humains avaient peur du noir.