Où ? Quand ? Comment ?

[Yukos]

Yukos se réveilla en sursaut. Il avait l'impression d'avoir dormi beaucoup plus longtemps que prévu. D'ailleurs, le soleil était déjà haut dans le ciel...

*C'est incroyable... J'ai beau avoir dormi durant des heures, je suis complètement épuisé. Je ne pensais pas pas que la journée d'hier me fatiguerait autant...*

La sirène sentit le contact d'un corps chaud contre le sien. Il se pencha et vit Haru, blotti tout contre lui. Il dormait tranquillement, comme si rien ne pouvait lui arriver. En fait, c'était bien le cas, car Yukos s'était promis que plus personne ne ferait souffrir son ami, surtout pas son père !
Attendri, Le jeune homme glissa sa main dans les doux cheveux de l'albinos. Il était si mignon ainsi... Tellement serein...
Tout semblait calme autour d'eux. Plus un bruit ne venait de la forêt...
C'est à ce moment que Yukos réalisa qu'il y avait un problème.

*La forêt ? Mais on n'est plus dans la forêt !!! On est...*

Il se releva doucement, déposant avec précaution Haru sur le sol pour ne pas le réveiller. Puis il regarda autour de lui pour retrouver ses points de repère de la veille. Très vite, il se rendit compte que ce serait impossible...
Les deux sirène ne se trouvaient plus du tout dans la forêt, mais en pleine montagne. En cet instant, ils étaient installés sur une sorte de plate-forme rocheuse, au bout de laquelle on voyait une corniche large d'à peine un demi-mètre. Au-dessus d'eux, la montagne, au-dessous d'eux, le vide. Il n'y avait que ce rebord étroit pour les aider. Il semblait faire le tour d'une partie de la montagne. Peut-être leur permettrait-il d'atteindre une vallée.

*Pas de corde pour escalader. Et je doute qu'Haru y parvienne s'il ne s'est jamais entraîné avant... Il va falloir passer par là, c'est la seule solution. Pourvu qu'il n'ait pas le vertige...*

A cet instant, Yukos réalisa que le seul endroit de Yamato où on pouvait trouver des reliefs aussi élevés était la Montagne de Feu. Le repère des dragons... S'il ne s'écrasaient pas au bas de la paroi, ils risquaient de finir dans l'estomac d'un dragon. Super...

*Je vais éviter de lui en parler*, pensa-t-il en s'agenouillant près d'Haru.

Il prit son ami dans ses bras et lui tapota doucement sur la joue.

"Haru, réveille-toi... Il est tard déjà, on doit se mettre en route... Haru, s'il te plait... Il faut que tu te lèves..."

[Haru]

Haru ne comprit pas tout ce qui se passait. Ils étaient là, prêts à se mettre en route pour retourner au Lagon, – Haru avait hâte de retrouver son père, ce dernier lui manquait énormément. De plus, il s’inquiéter beaucoup. Son père devait se faire un sang d’encre de le voir toujours pas revenu à la maison. Il était donc vraiment temps de rentrer, même si cela signifiait punition et colère. Au moins son père serait rassuré et c’était tout ce qui comptait. Haru restait dans cette attitude fidèle et obéissante et pleine d’admiration pour un père à l’esprit folie et aux mœurs pas vraiment catholiques. – quand soudain tout changea. Non, ce n’était pas vraiment du changement. C’était autre chose. Quelque chose qui empêchait de respirer correctement. Quelque chose qui était sombre. Quelque chose qui rendait malade. Haru commençait à vraiment avoir peur…

Il avait déjà connu un chemin qui changeait par magie. Mais il n’avait pas été malade, autant qu’il se souvienne. Il avait juste eut très peur en ne reconnaissant pas les lieux, mais sinon, pas cette sensation… S’agrippant à la main de son ami, la jeune sirène ne put lutter contre ce malaise. Il vomit tous les fruits qu’il avait mangé pour le petit déjeuné. Ce fut plus fort que sa volonté. Il ne se sentait pas bien du tout. Sa tête donnait l’impression qu’elle allait exploser. Son estomac montait et redescendait sans cesser un seul instant pour lui donner le moindre répit. Il avait du mal à rester conscient, pourtant il luttait de toutes ses forces. Et la peur ne cessait de le tirailler, ne sachant pas ce qui arrivait. Craignant de ne plus jamais rentrer chez lui. Ne voulant pas déjà perdre ce nouvel ami. En bref, Haru avait vraiment du mal devant tout cela. Non, pas du mal, il se noyait complètement dans tout cela…

« - Yukos-sama… » Appela t’il en relevant son regard écarlate, plein de larmes, vers son ami. « - Que… que se passe t’il ? Je… »

Il ne put guère continuer, de nouvelles nausées le prenant. Cependant, il n’avait plus rien à vomir, ce qui n’avait rien d’agréable. C’est alors que tout s’accéléra. Haru sentit sa main lâcher, mais pas le contact avec son ami. Il se retrouva dans ses bras. Mais n’eut pas de réactions… Il avait trop de mal à garder les yeux ouverts. C’était trop dur. Il avait si mal… Il perdit connaissant alors que son visage s’engouffrait contre le torse de son aîné. Il ne vit rien d’autre du voyage imprévu, inconscient, maintenu comme la chose la plus précieuse, dans des bras inquiets qui eux aussi ignoraient ce qui se passait en cet instant… Et finalement ce voyage mouvementé cessa. Ils arrivèrent à destination. Dans un lieu inconnu de la jeune sirène, comme toute chose dans ce monde mis à part le lagon. Haru était toujours inconscient, dans les bras de son ami, en sécurité…Pour le moment ?

Très loin d’être conscient de la situation, il fut ramené à la réalité par Yukos, qui tentait de le réveiller avec une voix douce mais inquiète, et des petites tapes sur son visage. Il ouvrit doucement les yeux et se redressa, pas bien du tout. Il avait l’estomac vide et un goût amer dans la bouche. Cependant, il ne laissa rien paraître et fit un sourire à son aîné avant de le regarder, un peu honteux d’avoir été un peu faible dans tout cela…

« - Yukos-sama… Je suis désolé… »

Il inclina la tête et se mit sur ses jambes, avant de réaliser qu’il ne connaissait pas les lieux. Et que les dits lieux étaient un peu trop élevés pour une sirène habituée à l’eau. Mais étrangement, il n’avait pas peur. Il était inquiet, mais pas de crainte. Il se sentait en sécurité avec Yukos. Par contre, il espérait que son père allait bien. En fait, il s’inquiétait plus pour son père que pour lui… Alors que… Il soupira et fixa son ami, un peu gêné, mais surtout ennuyé et soucieux…

« - Où sommes nous ? Comment on peut descendre ? Il s’est passé quoi ? »

Réalisant son flux de questions, il se mit à rougir et s’excusa, s’inclinant légèrement, attendant les réponses à ses premières questions. Bon, sur le coup, il avait montré plus que de curiosité qu’autre chose… Il n’était pas conscient du tout du danger des lieux. Pas encore du moins… Il était, fallait le dire, un peu perdu dans tout cela, et un poil retourné …

[Yukos]

Yukos sourit tendrement à son ami quand il le vit se réveiller. Soulagé, il aida Haru à se relever, mais il ne le lâcha pas. Il préférait le soutenir tant qu'il n'était pas sûr qu'il puisse marcher tout seul. Le pauvre garçon semblait complètement perdu, incapable de comprendre ce qui s'était passé. En fait, Yukos n'en savait pas plus que lui. Il avait deviné où ils se trouvaient, mais comment étaient-ils arrivés jusque là... Il l'ignorait. Il ne pensait pas qu'un simple dérèglement de chemin magique soit à l'origine de leur malaise. Il devait y avoir une autre raison...

"Ne t'excuse voyons", lui dit-il en le serrant contre lui. "Tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé. C'est plutôt moi qui devrait te demander pardon pour t'avoir entraîné sur un chemin aussi dangereux... Je regrette, je ne croyais pas que ça se terminerait comme ça. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer... Les chemins magiques ne sont pas très fiables actuellement, mais je n'ai jamais entendu dire qu'ils rendaient malades."

Peut-être qu'un évènement particulier était à l'origine de cet incident... Mais tant qu'ils resteraient ici, ils n'en sauraient rien. Il fallait donc qu'ils quittent cette montagne ou qu'ils trouvent un chemin qui les mènerait ailleurs. Ils devaient surtout partir d'ici avant qu'un dragon ne leur tombe dessus, sinon ils avaient de grandes chances de se faire dévorer. Cependant, Yukos ne parla pas de cette éventualité à son ami. Il ne fallait pas qu'Haru panique alors qi'il allait entamer sa première escalade.

"Je crois que nous sommes sur la Montagne de Feu, à la frontière du royaume dragon. Je ne sais pas comment un chemin a pu nous amener ici aussi vite. C'est la première fois que je vois une chose pareille... Enfin, ce n'est pas vraiment important. Ce qui compte, c'est de rentrer rapidement au lagon. Mais je crois que ça va être difficile..."

Yukos soutenait toujours son ami. Néanmoins, il ne le serrait pas trop et Haru pouvait s'écarter de lui s'il le souhaitait.

"Il est possible que l'on trouve un autre chemin magique pour rentrer chez nous. Mais on ne peut pas se contenter de cette éventualité. Pour descendre, je ne vois qu'une issue : cette corniche. Elle nous permettrait de contourner la montagne et peut-être d'atteindre une vallée. Si c'est le cas, on pourra atteindre le bas du massif plus facilement. De plus, il n'y a pas d'eau ici et rien à manger. Comme on ne peut pas compter sur des secours, on doit partir d'ici."

Yukos faisait une description précise et assez froide de ce qui leur arrivait. Il espérait ainsi rassurer son ami, lui montrer qu'il contrôlait la situation. Mais Haru avait peut-être aussi besoin de réconfort...

"Ne t'inquiète pas", lui dit-il en souriant. "Cette corniche est élevée, cependant elle m'a l'air solide et régulière. Nous ne risquons pas de tomber même si nous n'avons pas de corde pour nous attacher. Il nous suffira de bien nous tenir à la paroi. Si tu as peur, n'hésite pas à te cramponner à moi. J'ai les épaules solides !"

Yukos observa son ami. Est-ce qu'il était assez fort pour commencer leur expédition ? Lui-même se sentait remis du choc de leur "voyage". Mais Haru lui semblait plus faible, en plus il avait vomi son petit déjeuner. Peut-être devraient-ils attendre un peu ? S'il faisait un malaise sur la corniche, Yukos ne pourrait pas le rattraper !

*J'hésite... La moindre des choses est de lui demander, mais même s'il se sent assez fort, j'aimerais qu'on attende un peu...*

Cependant, il ne pouvait pas non plus trop couver son ami. Il n'avait aucune envie de lui rappeler son père... Et s'il voulait qu'Haru prenne de l'assurance, il devait le laisser choisir.

"Si tu en as envie, on peut rester un peu ici, le temps de se reposer. Enfin... Peut-être que tu préfères qu'on parte tout de suite. Pourtant, il vaut mieux patienter plutôt que de faire une mauvaise chute. C'est comme tu veux, on peut y aller maintenant si tu te sens assez bien."

[Haru]

Haru ne réalisait vraiment pas l’étendu du danger. Pour lui, c’était juste une histoire troublante qui chamboulait énormément son quotidien. Ca faisait un peu comme dans ses livres d’aventures. Sauf que là, c’était réel et qu’il n’avait rien à voir avec les héros de ces livres. Il espérait simplement ne pas être la personne à sauver. Car elle causait plus d’ennuis que de solutions. Il baissa les yeux troublés à cette réalisation intérieure. Il ne voulait vraiment pas être une charge pour Yukos. Lui, il le voyait comme les héros de ses livres : courageux, débrouillard, gentil, serviable et plein de paroles rassurantes. La jeune sirène songeait qu’elle avait de la chance de l’avoir. Enfin que le destin lui ait mis sur son chemin plutôt. Il n’osait pas imaginer ce qui aurait pu arriver s’il avait décidé d’aller voir seul Monsieur Linnzel et que le chemin se soit cassé comme la dernière fois. Cette pensée lui gela étrangement le sang.

Cependant, tout aussi étrangement, les bras de son ami le dégelèrent. C’était rassurant d’être là. Vraiment rassurant. Haru était pourtant conscient du danger. Yukos lui avait bien fait le rapport sur la situation. Pourtant, il n’arrivait pas à avoir peur. C’était étrange. Mais il ne préférait pas trop penser à cela. Le moment n’était pas à cela, mais plutôt à descendre de… Comment Yukos avait appelé ça ? Cor… Cor… Ah oui, corniche… pour retrouver le chemin du lagon. Haru était inquiet, non pas pour lui, aussi bizarre que ça paraissait, il était plus que persuadé qu’il n’avait rien à craindre tant que son ami était là. Mais pour son père. Il devait se faire du mourront chez eux. Tourner en rond. Et se demander où il pouvait bien être. Il devait être en colère aussi. Haru aurait tant voulu le prévenir et le rassurer. Lui expliqué qu’un chemin avait fait une drôle de chose et que maintenant, il était très loin de la maison. Tout en le rassurant sur sa santé. Haru ne tenait pas à inquiéter plus son père…

Le pauvre Yukos qui essayait d’éviter le sujet papa, tout en faisant en sorte de ne pas agir comme lui, ne se doutait pas un seul instant que le petit albinos songeait à ce dernier à ce moment même. Cependant, voyant que son ami avait fini sa prise de parole, et cela englobait la dernière question, Haru se recula et se mit à sourire. Inclinant doucement la tête, il se tourna vers la paroi. Son ami voulait descendre ça. Et Haru voulait le faire pour le rassurer, lui montrer qu’il ne serait pas une charge, mais voilà, il ne voyait vraiment pas comment. Il n’avait pas d’ailes, et sauter d’ici sera trop dangereux. Il soupira, songeant que suivre la corniche allait être dur pour lui. Ses chaussures feuilles n’allaient pas tenir longtemps avec tous ces cailloux. Et il lui faut aussi de l’eau. A part dans les marais, il n’avait pas mouillé sa peau. Il devait le faire. Il ne savait pas combien de temps il pouvait durer sans eau…

« - Je suis prêt ! » Fit-il avec le sourire, tout en se tournant vers son ami. « - Il vaut mieux partir maintenant qu’il fait jour. Je ferais très attention. Je mettrais mes pieds où tu les mets Yukos-sama. Comme ça, je ne causerais pas de problèmes. »

Bon, Haru cacha sans mentir à son ami, les divers problèmes pensés. Il ne voulait pas être une charge. Après tout, ils étaient tous les deux dans la même situation. Il n’y avait donc pas de raison pour qu’il ait de privilège. Se bornant dans cette idée, voulant surtout se montrer fort, il préféra se débrouiller seul avec le reste. Même si le point eau lui faisait vraiment peur.

« - Et pis, plus vite nous serrons dans la vallée et plus vite nous pourrons manger. Ici, ça va être dur de trouver des baies et du poisson… »

C’était du moins ce qu’il avait compris. Il se dirigea donc vers l’avant, histoire de regarder si on voyait une vallée, mais il ne vit rien, si ce n’était que du vide. Il soupira et recula avant de tendre sa main à Yukos. Bon, en fait, il n’était pas très rassuré. Faut dire que tout était si nouveau. Et s’était sans compter son estomac encore douloureux sous l’effet de la nausée. Mais décidant de se montrer courageux, il prit bien soin de tout masqué. Comme il le faisait avec son père quand le jeu du trésor était plus douloureux que les autres fois. Un moyen de faire plaisir à l’autre…

« - Nous y allons ? » Proposa t’il de sa voix légère, mais un peu tremblante tout de même. « - Et si tu me disais comment c’est d’avoir une grande famille ? C’est bien d’avoir autant de personne autour de soi enfant ? Père dit que c’est de la sauvagerie. Que je suis son seul et unique trésor et qu’il ne devrait pas en avoir d’autre. Ton père doit penser différemment que père… »

Haru ne se rendait pas compte que d’un coup, il s’était mis à beaucoup parler. Il était bien plus nerveux qu’il ne voulait le montrer. Et le pire, c’était qu’il voulait poser ces questions depuis un moment, mais avec sa timidité, il n’avait pas osé le faire. Sur le coup, la situation avait une partie de pas si mauvaise que ça quand on y pense… Ce fut donc dans cet état qu’il attendit que son aîné se mette en marche, dans l’espoir que la vallée ne soit pas trop loin…

[Yukos]

Yukos lâcha son ami quand il sentit qu'il voulait reculer. Apparemment, la jeune sirène s'était bien remise de leur arrivée mouvementée. Il semblait bien supporter leur situation actuelle, bien qu'elle ne soit pas très brillante. Cependant, Haru était peut-être plus choqué qu'il ne voulait le montrer... Malheureusement, Yukos ne pouvait pas l'encourager à lui en parler. Si les deux garçons voulaient s'en sortir, ils devraient prendre sur eux, ignorer leur peur. Si l'un d'entre eux paniquait, ils ne réussiraient jamais à quitter cet endroit. A première vue, il n'y avait pas d'autre chemin que la corniche pour rejoindre la vallée. Il leur faudrait donc passer par là, quoi qu'il leur en coûte.

*Bon, puisqu'il a l'air décidé, mieux vaut partir tout de suite !*

"Je suis content de voir que tu vas mieux", répondit-il en souriant. "Ne t'inquiète pas, je suis sûr que tu te débrouilleras très bien."

Yukos vit Haru s'approcher du vide et se pencher en avant. Soudain, il vit quelques cailloux rouler sous ses pieds. Par réflexe, la sirène se précipita en avant pour empêcher son ami de tomber ! Mais, au même moment, Haru se redressa puis fit un pas en arrière. Surpris, Yukos freina des pieds pour éviter de le percuter, s'agrippa à la paroi pour s'arrêter et finit par s'entailler la main sur la roche. Enfin... Le plus important était qu'il se soit arrêté à vingt centimètres d'Haru, évitant ainsi de bousculer, voire de faire tomber son ami !

"Tu as raison", ajouta-t-il, en fermant le poing pour cacher sa coupure. "Plus on partira tôt, plus on atteindra la vallée rapidement. Là-bas, on pourra trouver plein de nourriture, encore plus que dans la forêt. Et on cherchera un ruisseau aussi ! S'il faut rester plusieurs j... heures dans la montagnes, on risque de se déshydrater si on ne boit pas suffisamment."

*J'ai bien peur qu'on ne quitte pas ce massif avant un bon moment... Comment va-t-il réagir quand il comprendra qu'on est vraiment perdus ? Quoique... Les chemins de Yamato deviennent tellement bizarres... Peut-être qu'on en trouvera un qui nous rapprochera du lagon ?*

Mais Yukos ne pouvait pas compter là-dessus pour les sortir de ce labyrinthe de roches. Il savait qu'ils devraient se débrouiller tous seuls, en espérant ne pas tomber sur un dragon en cours de route.

*J'ai mieux à faire que ruminer nos futurs problèmes ! Pour l'instant, on va prendre cette corniche, marcher jusqu'à ce qu'on atteigne une vallée et après on verra !*

Yukos fut surpris d'entendre Haru parler autant d'un seul coup. Cependant, il n'en montra rien et se dit que ces questions était un bon moyen de faire en sorte qu'Haru pense à autre chose.

"Bah, une grande famille, ça a des bons côtés comme des mauvais. En fait, tout dépend de ton caractère. J'ai toujours aimé avoir des gens autour de moi, que ce soit ma famille ou mes amis. Quand tu es un peu réservé, c'est sans doute plus facile... Même si tu as du mal à te faire des amis, tu peux toujours compter sur tes frères et soeurs. Enfin... Ca dépend des frères et soeurs... Il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds non plus... J'ai eu de la chance, je ne me suis brouillé avec aucun d'entre eux. Et je m'entends très bien avec Lélios, c'est lui que je suis venu voir ici. En tous cas, une chose est sûre : une grande famille n'a rien à voir avec de la sauvagerie !"

*C'est plutôt ton père qui se conduit comme un sauvage...*

"Mon père ? Non, jamais il ne m'aurait dit que j'étais un trésor, c'était plutôt l'inverse !" dit Yukos en riant. "Je n'étais pas discipliné et il le supportait très mal... Mais bon, aujourd'hui je suis indépendant. Ce que je suis devenu ne le regarde plus, je crois d'ailleurs qu'il s'en fiche un peu... Et comme son avis m'est complètement égal, c'est très bien comme ça."

Tout en discutant, Yukos observa la paroi et le début de la corniche pour voir si elles n'avaient pas de gros défauts. Il ne faudrait pas qu'un morceau tombe quand ils mettraient le pied dessus !

"Bon, on y va ! Qu'est-ce que tu préfères : me tenir le bras ou poser tes mains sur mes épaules ? Tu peux avancer sans aide si tu le souhaites. Tu trouveras peut-être plus facilement ton rythme ainsi. N'oublie pas de t'appuyer sur la paroi, même si tu me tiens ! C'est le point le plus solide auquel t'accrocher."

Yukos attendit qu'Haru choisisse la position la plus appropriée pour lui. Puis les deux garçons se lancèrent dans leur début d'escalade.

[Haru]

Haru ne se doutait pas un seul instant du danger que tout cela entraînait. Il se doutait bien qu’être aussi haut dans une montagne, sur un chemin si petit n’était pas forcément la meilleure solution. Mais il voulait croire que tout irait bien. Car partir avec une idée sombre en tête ne conduisait pas bien loin. Et surtout, il devait se dépêcher de rentrer. Son père devait se faire un sang d’encre. Faut dire qu’il n’avait jamais découché. Il ne s’absentait que pour aller travailler. Et c’était tout. Alors là, son père devait vraiment se faire du soucis. Haru ne voyait que cela. Il était très loin, à présent, du danger des lieux. Bien que pour cela, il aurait fallut qu’il sage qu’il était dans un territoire plus que dangereux. Puisque peuplé de dragons… Enfin voilà où en était le jeune albinos qui en cet instant ne voyait pas grand-chose… Vraiment pas…

Si bien que lorsqu’il se pencha pour regarder dans le vide et juger de la distance, plus ou moins, entre sa position actuelle et la prochaine vallée, il ne remarqua pas la réaction de Yukos. Et surtout son inquiétude. Il ne vit pas non plus sa blessure à la main. Car si cela aurait été le cas, il lui aurait depuis longtemps mis son mouchoir sur sa plait et aurait été inquiet. Car ici, il n’y avait rien pour soigner. Conséquence, la blessure de son ami pourrait vite s’infecter. Et cela, il ne le voulait pas. Ca ne serait vraiment pas juste. Enfin, il ne le vit pas, il proposa donc tout naturellement de continuer. Car dans son esprit, plus vite on se mettait en route, plus vite on arriverait à la Vallée. Et donc, par conséquence, il reverrait son père plus rapidement pour le rassurer. Haru restait quand même bien conditionné dans le but de son père. Mais que voulez-vous, quand on a connut qu’une seule chose, on la prend pour normalité…

Bref, dans l’idée de rassurer son père, appréhendant tout de même les conséquences de cette absence, il se mit à poser tout plein de questions à son ami. Un moyen comme un autre d’oublier ses inquiétudes et pour se donner du courage. Il avait bien entendu ce que Yukos lui avait dit jute avant. Et même s’il n’avait rien dit, il avait bien vu qu’il y avait un problème. Son aîné semblait bien trop sur ses gardes pour que tout cela soit normal. Il y avait donc un problème quelque part. Mais lequel ? Et pourquoi ? C’était bien ce que se demandait le jeune Albinos. Cependant, il ne le fit pas, et se décida à parler beaucoup plus que jamais il ne l’avait fait jusqu’à maintenant en fait. Ca l’avait surpris lui-même, mais au fond, il souhaitait vraiment savoir tout ce qui avait été demandé. Après tout, il voulait connaître un peu la vie de cette personne qui lui avait sauvée la vie dans un sens…

« - Tu n’aimes pas ton père Yukos-sama ? » Fit-il un peu surpris à la deuxième partie de la réponse qui arriva.

C’était assez compliqué pour lui à comprendre. Lui qui était tout pour son père, il venait d’apprendre que son ami, lui, avait du mal avec son père. Il avait du mal à savoir comment le prendre. Cependant, il en voulait au père de Yukos de ne pas l’aimer comme un trésor, comme tous les pères devraient le faire. Baissant les yeux un instant, il se mit à réfléchir. Ce qui le fit soupirer. Au moins, son aîné avait des frères qui semblaient bien. Même si d’autres ne semblaient pas bien aussi. Haru se demandait vraiment comment était la famille de ce dernier. Il songea que finalement ne pas avoir de frères, ni de sœurs, c’était très bien ainsi. Même si parfois, être seul, ça peut faire mal en sa poitrine. Mais c’est toujours temporaire et dès qu’il prend un bon livre, il se sent toujours mieux après. Content de cette pensée, il reprit son sourire en même temps que la parole.

« - C’est pas grave. Je te présenterais au mieux. Et peut-être qu’il te voudra aussi comme trésor ! » Annonça t’il en y croyant réellement, très loin de se douter qu’être le trésor de quelqu’un, surtout de son père, n’était pas dans l’ordre des choses…

Le moment de partir arriva très vite après cette discussion familiale. Yukos semblait aussi pressé que lui de rentrer. Rassuré, Haru lui offrit un sourire avant de soupirer. Son ami s’inquiétait beaucoup trop. Il est vrai que tout cela n’était pas habituel pour lui. Mais il n’était pas un enfant. Il savait encore marcher sur un chemin. Et surtout, il savait qu’il valait mieux aller vers la paroi que vers le vide. C’était du moins très logique pour lui. Enfin bref, pour ne pas blesser son aîné qui ne faisait sûrement que cela pour l’aider, il garda son sourire, pour lui répondre avec douceur mais détermination. Il devait faire attention à lui-même, et son lui.

« - Je vais marcher seul Yukos-sama ! » Il inclina doucement la tête, souriant toujours. « - Allons-y, je veux être à la maison ce soir. Père doit vraiment s’inquiéter. Et il me manque beaucoup également. »

Il commença à avancer, une fois que Yukos se mit en route, respectant les consignes, que même si elles n’avaient pas été données, il aurait suivit. Et ce, tout en continuant de prendre la parole.

« - Et si nous nous dépêchons, tu pourras peut-être voir ton frère ? Tu semblais vraiment le vouloir. Presque autant que moi je veux voir père. » Termina t’il en regardant avec intention où il mettait les pieds, pour ne pas abîmer ses chaussures en feuilles et donc, se retrouver encore les pieds meurtries et ainsi ralentir encore tout le monde.

Il ne voulait pas être une charge à nouveau et dans un sens, ça se comprenait. Haru était ainsi, il pensait aux autres, avant lui… Enfin, des peu autres qu’il connaissait tout du moins…

[Yukos]

"Bah, ce n'est pas que je ne l'aime pas... En fait, on n'a pas grand-chose en commun. Mes aspirations n'ont rien à voir avec ce qu'il envisageait pour moi, de plus c'est quelqu'un d'un naturel violent. Donc nos discussions ont fini par toujours se terminer par des disputes, des coups... Bref, l'entente est impossible entre nous, aussi je préfère ne plus le voir."

Yukos tenta quelques pas sur la corniche pour tester la solidité du sol. Elle lui parut largement suffisante pour deux jeunes sirènes. Il recula lentement le long de la falaise en veillant à ne pas s'écorcher à nouveau. Mais il faillit choir de la corniche quand il entendit la dernière phrase d'Haru ! Sur le coup, il se sentit incapable de répondre. Pour lui, le père d'Haru n'était qu'un sale pervers, profitant de son fils pour donner libre cours à ses plus bas instincts. Mais comment pourrait-il faire comprendre cela à son ami ?

"Je... Non, je n'y tiens vraiment pas... Je veux dire, je serais content de rencontrer ton père évidemment... Mais je suis heureux comme je vis aujourd'hui. Je suis indépendant, je peux voyager, aller où je veux quand je veux... La vie de famille, ce n'est pas pour moi."

Yukos fut soulagé de voir qu'Haru était toujours aussi décidé à le suivre. Dans un sens, la jeune sirène l'étonnait. S'il avait vécu dans un cocon, coupé du monde extérieur depuis sa naissance, Yukos ne savait pas s'il se serait débrouillé aussi bien que lui. Haru se montrait courageux, déterminé, sociable... Certaines choses l'effrayaient car il n'avait presque aucune expérience de la vie. Pourtant, il apprenait étonnamment vite et refusait de se laisser aller.

"Tu as raison, il vaut mieux que tu avances seul si tu n'as pas peur. Ta marche sera sans doute plus stable. Et si j'ai un problème, il ne t'arrivera rien. Enfin ne te fais pas trop de soucis, tout se passera bien !" ajouta-t-il en souriant. "Si tu n'es pas sûr de la solidité des pierres, mieux vaut que tu poses tes pieds là où j'ai mis les miens. Mais je pense que ce chemin est suffisamment solide pour qu'on ne courre aucun risque."

Yukos avança avec prudence sur la corniche, testant les pierres qu'il craignait de voir se détacher. De temps à autre, il jetait un coup d'oeil derrière lui pour savoir si Haru s'en sortait bien. A priori la jeune sirène avançait sans trop de difficultés. Cependant, Yukos s’inquiétait pour l’état de ses chaussures. Des feuilles ne tiendraient pas très longtemps sur des cailloux…

"Oui, j’ai hâte de retrouver Lélios ! Je ne l’ai pas vu depuis très longtemps, mais je suis sûr qu’il ne m’a pas oublié. Lorsque l’on s’est séparé, je lui ai dit que, dès que je serais assez grand, je voyagerai autant que lui. C’est étrange qu’il se soit arrêté ici pour devenir seigneur. Je ne pensais pas qu’il aimerait un jour se poser quelque part, lui qui ne restait jamais plus d’une semaine au même endroit…"

Le chemin de la corniche était vraiment long, bien plus que Yukos ne l’avait imaginé. Tout compte fait, ils traverseraient peut-être toute la falaise ainsi. Dans un sens, c’était pratique, mais dans un autre, cette marche était fatigante, surtout pour deux personnes n’ayant rien dans l’estomac. Yukos soupira, espérant que la vallée apparaisse rapidement.

"Ca va Haru ? Tu réussis à suivre ? Je peux marcher moins vite si tu préfères."

Finalement, le vœu de la sirène fut exaucé. Il venait de passer un petit coude formé par la paroi quand il vit une tache verte apparaître derrière la roche.

"Ca y est, on est arrivé ! Encore une vingtaine de mètres et on va atteindre le haut de la vallée. Je vois une sorte de petit pré qui a l’air de descendre… On pourra peut-être trouver de la nourriture et de l’eau en descendant un peu. Avec de la chance, on parviendra à rejoindre le bas de la montagne par là."

[Haru]

Haru ne comprenait vraiment pas comment un père ne pouvait pas aimer ce que ton fils aimait faire et vice-versa. Lui qui était si proche du sien – un peu trop même dans ce cas – n’arrivait pas à s’imaginer les choses autrement. Pour lui, cela était si peu normal… Alors qu’au final, le plus anormal dans les deux situations étaient la sienne et surtout le fait d’être un trésor pour son père. Mais aller expliquer ça à un cœur pur comme Haru qui n’a rien connu d’autre que la situation que son père avait créée et isolée. Pour le moment, c’était quelque chose de compliquer. Enfin, si bien entendu quelqu’un se décide un jour de lui expliquer. Serait-ce Linnzel, son patron, ou Yukos, son ami qui lui dira cela en premier ? Là était toute la question, mais ce n’était pas vraiment le sujet. Haru se contenta donc d’écouter avec le sourire les explications de son ami, sur la relation avec son père.

Devant tout cela, Haru lança une solution. Celle de rencontrer son père, et peut-être également devenir son trésor. L’albinos ne voyait pas de mal à cette proposition. Bien au contraire. Si bien que la réaction de Yukos à cette proposition le fit sursauter et donc, presque perdre l’équilibre. Heureusement, rien n’en fut. Pourtant, il fixa assez inquiet son ami, cherchant à comprendre pourquoi il ne tenait pas à voir son père. Oh, bien sûr, Haru avait entendu la suite. Mais pour lui, ça n’allait pas avec le début de cette prise de parole. Il comprit à cet instant que Yukos n’aimait pas beaucoup son père. Ca le chagrinait, mais comprenant également que ce dernier ne voulait pas lui faire de peine, il ne préféra pas aller plus dans le sujet. Même si cela lui attira des questions qui sûrement n’auraient jamais de réponses. Pas grave… Il demandera à son père quand il serra rentré.

« - D’accord… Je ne t’embêterais plus avec ça Yukos-sama. »

Un sourire termina de conclure le sujet et Haru garda le reste de ses pensées pour lui. De toute façon, il devait se concentrer sur le chemin. Pour ne surtout pas gêner son ami. Il savait que ce dernier s’inquiétait pour lui. Mais il ne devait pas. La jeune sirène se persuadait que si son ami pouvait y arriver, il le pouvait également. Après tout, ils étaient tous deux pareil. C’est pour cela que Haru fut soulagé que son aîné accepte de le laisser avancer seul. Il écouta ses conseils et fut très inquiet quand ce dernier annonça que c’était mieux, comme ça, s’il lui arrivait quelque chose, à lui, il n’arriverait rien. C’était ainsi qu’il avait compris et il ne désirait pas que son ami soit blessé ou quoi que ce soit d’autre. Fort heureusement, Yukos réussit à le rassurer avec la suite, faisant ainsi agrandir le sourire de ce dernier, de soulagement, mais aussi de bonne volonté.

« - Bien… je marcherais dans tes pas. Mais fais attention à toi. Nous devons tous deux rentrer pour voir notre famille. »

Une petite requête pour bien s’assurer que tout allait bien. Et ils se mirent en route. Haru fut rassuré de voir le fait que son ami désirait plus que tout voir son frère. Lui qui disait que la famille ce n’était pas son truc démontrait en cet instant tout le contraire. Cela rassura le jeune albinos. Peut-être que finalement il aimera son père. Oui, Haru s’en persuadait de plus en plus, au fur et à mesure qu’il progressait sur cette corniche. Le garçon restait concentré sur les pas de son ami, tout en réfléchissant à tout cela. Il ne se sentait pas effrayé. Au contraire, malgré le danger, avec Yukos, il se sentait en sécurité. Si bien que lorsque ce dernier l’interrogea, ce fut le plus resplendissant des sourires qui vint lui répondre. Mais également des mots pleins de courage… ou d’encouragement. Tout dépend de la façon de les prendre…

« - Je vais bien, ne t’en fais pas. Avançons… »

Oui, avancer. Bon d’accord, ses pieds lui faisaient un peu mal. Mais on ne pouvait pas dire qu’il avait les chaussures idéales pour ce genre de balade. Sans compter que les feuilles s’usaient de plus en plus. Mais cela, il le garda pour lui. Gardant son sourire et sa façon d’être. Après tout, il devait être courageux, autant que Yukos l’était. C’était sa décision, et même si c’était dur, il s’y tenait.

« - Et puis, nous sommes presque arrivé alors continuons. »

Et il eut raison de dire cela puisque finalement l’étendue vert commençait à se dessiner à leur regard, Haru regarda Yukos quand ce dernier lui signala cela, inclinant la tête sur côté, vraiment ravi de cela.

« - Oui. Je commence à avoir vraiment soif. » Avoua avec honnêteté sans se plainte le jeune albinos. « - Dépêchons nous. Et puis, le soleil devient bas. Nous devons rentrer ce soir, père va se faire trop de soucis sinon. »

Et voilà, il repensait à son père alors que ses plantes de pieds étaient en sang, les feuilles ayant rendues l’âme quelques kilomètres plutôt. Mais l’avait-il dit ? Non… Et il ne comptait pas le faire. De plus, Yukos ne pouvait pas le voir, puisqu’il marchait devant. Et Haru comptait sur ça. Il ne voulait surtout pas causer d’autres ennuies comme cela… La bonté et sa volonté d’aider… Que voulez-vous…

[Yukos]

Yukos regrettait d'avoir réagi aussi vivement avec son ami. La sirène voyait bien qu'il l'avait effrayé. Mais l'entendre dire ce genre de choses sur son père, alors que ce dernier profitait de lui... Ou pire peut-être... C'était tellement écoeurant ! Si seulement quelqu'un pouvait lui faire comprendre qu'il avait tort de croire ce monstre, qu'il fallait à tout prix qu'il échappe à son emprise... Malheureusement, Haru ne voulait rien entendre et Yukos n'osait plus lui en parler. Il avait peur que son ami ne se ferme définitivement et ne lui fasse plus jamais confiance.

"Je m'excuse, je ne voulais pas te répondre aussi durement. J'ai été surpris sur le coup et... Euh... Ca ne me dérange pas que tu m'en parles, mais je me vois mal considérer un parfait inconnu comme mon père... Je veux dire, je sais que je le connaîtrai un peu grâce à toi, pourtant ce n'est pas la même chose... Toi-même, tu ne pourrais pas considérer n'importe qui comme ton père..."

Yukos se dit qu'il vaudrait mieux mettre fin à cette conversation. Il ne voulait pas faire de peine à Haru, même s'il savait qu'un jour ou l'autre ils devraient reprendre cette discussion. Pour l'instant, le plus important était quitter cette montagne le plus vite possible, avant qu'un dragon ou une autre dangereuse créature ne les surprennent. De plus, bien que le chemin soit solide, il risquait d'être long et assez pénible à traverser. Yukos ne s'inquiétait pas pour lui, pas vraiment puisqu'il s'était retrouvé dans des situations bien pires, cependant il craignait qu'Haru ait du mal à supporter ce voyage.

"Bah, ne t'en fais pas pour moi, je survivrai. Une chute que quelques centaines de mètres serait un peu difficile à encaisser", dit-il en riant. "Mais pour le reste, je m'en sortirai."

Les heures passèrent... Les deux garçons avançaient toujours l'un derrière l'autre, sur une corniche qui semblait interminable. Haru avait beau dire à son ami que tout allait bien, Yukos se retournait de plus en plus souvent vers lui. Il essayait de ne pas se montrer trop collant, ce qui n'était pas facile pour lui. Finalement, une petite étendue d'herbe apparut, minuscule trouée verte à quelques mètres d'eux.

"On y est enfin ! Moi aussi je commence à avoir soif. Par contre, il va falloir escalader un peu pour atteindre ce pré. On doit être à quatre ou cinq mètres, c'est trop haut pour sauter. Ne t'inquiète pas, il y a un gros tas de cailloux qui nous permettra de descendre facilement. Tu n'as qu'à faire comme moi et tu y arriveras facilement."

Joignant le geste à la parole, Yukos commença à se glisser le long des rochers. Il se tourna vers Haru pour voir s'il s'en sortait bien. C'est à ce moment qu'il s'aperçut que ces chaussures tombaient en lambeaux.

*Il a sûrement très mal... Pourtant il ne m'en a rien dit, il ne s'est jamais plaint... Bon, normalement on devrait pouvoir gagner le creux de la vallée en passant par là. Je trouverai sans doute de quoi lui refaire des sandales et il aura moins mal en marchant dans l'herbe.*

Yukos avançait lentement pour rattraper Haru au cas où il aurait un problème. Dans le même temps, il jeta un coup d'oeil vers l'étendue d'herbe. Celle-ci paraissait descendre en pente douce vers le bas de la vallée, cependant ils étaient encore un peu haut pour en être sûrs.

"J'entends comme un bruit d'eau... Je suis sûr qu'il y a un ruisseau en bas ! Tu vas pouvoir te reposer et boire autant que tu veux."

[Haru]

Haru n’en voulait pas à Yukos. Il ne connaissait juste pas son père, alors c’était normal qu’il réagisse comme ça. Surtout vu comment ce dernier avait décrit ses relations avec son père. Haru trouvait qu’il avait de la chance d’avoir un père qu’il l’aime. (Un peu trop XD). Alors il n’insista pas, ne répondit même pas aux mots de son ami. Il préféra passer à autre chose en signalant à ce dernier qu’il le suivrait correctement, suivant tout simplement ses pas. Il savait que c’était cela l’essentiel. D’ailleurs, il eut un éclat de rire devant l’humour de Yukos. Enfin ce qu’il prit pour de l’humour en tout cas. Il n’y avait pas à dire. Son aîné avait vraiment le don de le rassurer. Pourtant la situation n’avait vraiment rien de rassurante. Tout était même catastrophique. Il ne fallait pas oublié que les chemins magiques les avaient conduits en plein cœur du territoire dragon. Et on ne pouvait vraiment pas dire que cela était la destination de rêve…

Bref, suivant les pas de son ami, le sourire aux lèvres et très concentré, il se motivait sur la pensée que ce soir il verrait son père. Il avait hâte, même s’il appréhendait. Car il savait que son père serait réellement en colère. Il doit se faire un sang d’encre. Cependant, la sirène comptait bien lui expliquer tout ce qui s’était passé, sans rien oublier. En plus, il était fier d’avoir un ami. Il voulait à tout prix en parler à son père. C’était donc cette idée qui le motivait mais aussi qui lui permettait d’avancer toujours droit devant lui, suivant avec précision les pas de son ami. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu’il était en parfait état. Ses chaussures naturelles avaient péries à mi chemin, et ses pieds commençaient vraiment à souffrir le martyr. De plus, il se déshydratait énormément. Il ne fallait pas oublier qu’il ne quittait jamais le lagon bien longtemps et par ce fait, son corps était très mal habitué à cette forme humaine… Mais pas de plainte, pas une seule fois, il fit juste un grand sourire quand la plaine s’offrit à ses yeux.

Cependant, tout n’était pas encore fini. Et Yukos lui informa sans détour. Il devait escalader. L’albinos n’était pas rassuré, vraiment pas. Cependant, malgré son hésitation et un d’accord troublé, il se mit en position et suivit son ami, essayant d’aller aux mêmes endroits que lui. Mais ce n’était pas facile, il le voyait très mal. Pourtant, pour une première, ce n’était pas si mal. Bien que la descente était plus douloureuse pour ses pieds qu’autre chose. La descente, néanmoins, se fit sans anicroches. Pas de problème à l’horizon. Les pieds à peine dans l’herbe, Haru bénit les dieux du bien être que cela apporta à ses blessures. La fraîcheur était vraiment bien venue. Souriant toujours, il se tourna vers son ami qui lui avait dit en pleine descente qu’il avait entendu de l’eau. Haru, trop concentré, n’avait pas pu lui répondre sur le coup, mais à présent, il le pouvait.

« - Tu as dit que tu as entendu de l’eau Yukos-sama ? Où est-ce ? Loin ? Enfin… Ce n’est pas grave si c’est loin, mais je voudrais savoir. »

La jeune sirène se gratta la tête un poil gênée et perplexe. Elle ne savait pas si elle s’était bien exprimer. Haru avait toujours du mal avec ce mot nommé sociabilité. Il craignait être une gêne et il ne le désirait surtout pas. D’où sa non plainte pour ses pieds ou son sourire éternel… Ou tout bonnement sa réaction à l’instant. Il était ainsi. Un ange sirène, un trésor préservé du monde… Pour le meilleur, mais aussi le pire…

[Yukos]

Placé juste derrière Haru lors de la descente, Yukos voyait parfaitement l'état des pieds de son ami. Il devait se faire terriblement mal en descendant sur ces roches rugueuses... Malheureusement, ils devaient passer par là s'ils voulaient atteindre l'herbe, il n'y avait aucun autre chemin. Le jeune homme se tenait prêt pour retenir son ami au moindre faux pas. Mais il n'y en eut pas, ce qui leur permit d'atteindre rapidement la prairie. Là, Haru demanda aussitôt à Yukos où se trouvait l'eau, avant de presque s'excuser de sa question. Son ami lui sourit pour le rassurer.

"Ne t'inquiète pas, ce n'est pas bien loin, sinon je n'aurais pas pu l'entendre. Si tu fais attention, tu discerneras le bruit d'un ruisseau dans cette direction. Le pré est en pente, aussi il faut descendre un peu pour le voir, bien qu'il soit tout prêt. J'espère qu'on trouvera aussi de quoi manger à côté. Des buissons, quelques arbres fruitiers... Cependant, les fruits risquent d'être tout petits à cette hauteur... Enfin, on verra bien. Si le ruisseau est assez profond, je tenterai de pêcher."

*Et surtout, je chercherai des plantes pour remplacer tes sandales déchirées, sans oublier les herbes médicinales pour soigner tes plaies.*

Yukos commença à descendre lentement vers la vallée. L'herbe était très grasse sous ses pieds, signe évident d'une bonne irrigation. Soulagé, il se dit qu'Haru devait avoir beaucoup moins mal sur ce genre de surface. la sirène se tourna vers lui en souriant, mais il resta silencieux. Il voulait continuer à entendre ce léger bruit d'eau qui le guidait vers une source. Au bout d'une dizaine de minutes, il vit apparaître un petit ruisseau qui serpentait doucement vers le bas du pré. Il remarqua aussi quelques buissons autour, deux ou trois arbrisseaux un peu plus loin, ainsi que des plantes grasses rappelant vaguement des roseaux. En fait, tout ce dont il avait besoin se trouvait là.

"Regarde Haru, on y est arrivé ! J'étais certain que le ruisseau n'était pas très loin. On va pouvoir aussi se restaurer et réparer tes chaussures."

Yukos attendit que son ami le rejoigne avant de se diriger vers le ruisseau. Celui-ci ne semblait pas très profond au début, mais il semblait descendre jusque dans la vallée. Il y avait de grandes chances pour qu'il puissent y nager un peu plus bas.

"Je ne sais pas si je pourrai attraper des poissons à ce niveau..." dit Yukos en s'accroupissant devant l'eau claire. "Il faudra que j'aille sans doute un peu plus loin... Heureusement, il y a des baies sur ces buissons et des fruits dans ces arbres. Cela devrait suffire pour commencer, non ?"

Yukos inspecta les baies avec soin pour vérifier leur comestibilité. Satisfait de son examen, il se releva et se dirigea vers les plantes poussant près du ruisseau.

"Ces baies ne sont pas toxiques, tu peux en manger autant que tu veux. Elles m'ont l'air bien mûres en plus. Je vais aussi couper quelques "roseaux" pour te refaire des chaussures. En fait... J'aimerais mieux que tu prennes les miennes. Moi, j'ai l'habitude de marcher avec des sandales, ça ne me gêne pas du tout. Mais c'est à toi de choisir. Je ne veux pas te forcer non plus..."

[Haru]

Haru suivait Yukos. Il rencontrait rarement du monde. Il se méfiait des étrangers. Son père lui avait bien expliqué que ces derniers n’étaient pas dignes de confiance. Qu’ils lui feraient du mal. Heureusement que son père était là. Il lui apportait protection. Il l’aimait et il était son trésor. Néanmoins il ne serait plus le trésor de qui que se soit s’il ne trouvait pas de l’eau. Après tout, il était une sirène. Il fallait qu’il trouve un court d’eau. A la rigueur, une cascade, un océan. Cependant il fallait qu’il puisse trouver une source d’eau et au niveau de cette montagne, cela risquait d’être difficile. Haru souffrit, cependant il ne risquait pas de se plaindre. Jamais il ne se plaindrait. Il ne regrettait pas d’avoir suivit Yukos même si en faisait cela il allait à l’encontre des mise en garde de son père.

La route commençait à être longue, pourtant l’albinos ne se plaignait pas. Jamais. Pour l’instant tout ce que souhaitait Haru était un peu d’eau, juste un peu d’eau. Les intention de Yukos envers lui étaient louables, cependant réparer ses sandales déchirées, et trouver des herbes médicinales dans le but de soigner ses plaies, n’était pas d’ordre premier. Il avait besoin d’eau. Si l’albinos avait eut connaissance de ses pensées, il aurait trouvé cela gentil, sans pour autant oser lui dire qu’il avait besoin d’autres choses.

Un ruisseau ? L’albinos essaya de se concentrer et de s’harmoniser de manière à sentir le cours d’eau sauveur.

« - Vous êtes certain Yukos sama ? Je n’ai pas vraiment très faim, à vrai dire j’aimerais trouver de l’eau. Plus je pourrais vous aider durant votre pêche ? » Dit doucement l’albinos.

Après tout il était un sirène et une fois qu’il aurait trouvé le liquide sauveur, tout redeviendrait comme avant. Oui en tant que sirène dans l’eau, tout allait beaucoup mieux, les blessures guérissaient beaucoup plus vite. Il était persuadé que sa blessure guérirait. Haru suivait brun, en silence, sans se plaindre. Il lui sourit mais la sirène n’avait pas envie de sourire, pas par méchanceté ou qu’il en voulait au brun. Non parce qu’il était un sirène et qu’il commençait à ressentir les effets du temps. Tout ce temps hors de l’eau commençait à se faire sentir. Le sol était moins aride, même si ses pieds le faisaient toujours souffrir. De plus, il fallait rentrer son père allait s’inquiéter.

L’albinos eut un sourire heureux.

« - Oui Yukos sama enfin de l’eau. Ce n’est pas très important mes chaussures vous savez, mais c’est très gentil à vous d’y penser. » Répondit simplement l’albinos.

Haru rejoignit assez vite le brun. Il avait hâte de se retrouver dans l’eau. Le brun marcha le long de celle-ci cherchant un endroit où il pourrait nager. Il descendit un peu plus bas, observa le cours d’eau, cherchant à voir s’il pouvait y aller nager.

« - Je vais aller regarder Yukos sama » Signala la jeune sirène.

Haru descendit un peu plus bas. Doucement il entra dans l’eau. L’albinos eut une expression vraiment heureusement sur le visage. Il s’avança, au fur et à mesure qu’il s’avançait. S’était assez profond afin qu’il nage.

« - Yukos sama je vais voir si je trouve du poisson, mais ne vous déranger pas pour moi. » Fit Haru ne voulant vraiment pas que son ami se fasse un quelconque souci pour lui.

La sirène nagea et alla encore plus loin. Il était heureux et peut-être trouverait-il une jonction pour rejoindre son lac et ainsi, retrouver son père. Mais il se souvint que le lac n’avait aucune jonction. Et ce n’était pas grave, Yukos saurait trouver le chemin de la maison. Haru en était persuadé. Il avait bien trouvé de l’eau…Il continua donc à nager, il ne sentait plus la douleur. Il était heureux, vraiment heureux. Il nageait, plongeait, replongeait, allait loin, encore plus loin tandis que Yukos restait sur la rive.

Haru avait retrouvé son aisance… Oubliant le temps d’un instant qu’il n’était pas dans un lieu connu de lui…